Nicolas Anelka au point presse de l'équipe de France, l'événement est suffisamment rare pour être remarqué. Inutile de dire qu'il y avait quelques oreilles tendues pour écouter l'attaquant de Bolton ce lundi à la Maison des Loisirs de Senlis, à quelques kilomètres de l'Hôtel de la Tour de Gouvieux où - le centre de Clairefontaine étant en travaux -, les Bleus sont réunis pour préparer le France-Grèce de mercredi. Détendu, l'ancien joueur de Fenerbahçe a accepté de parler de tout, même s'il ne s'est guère montré très prolixe.
Comment se passent vos premiers mois à Bolton ?Ça se passe bien, on n'est pas mal classés dans le championnat, l'équipe fonctionne bien.
Et à titre plus personnel ?C'est un peu difficile, j'apprends un nouveau football, ce n'est pas vraiment ce que j'ai connu jusqu'à présent, c'est complètement autre chose.
Vous voulez dire que Bolton pratique un jeu plus direct ?Oui, c'est ça, c'est une autre façon de jouer, mais pour l'instant, ça marche. Et le coach est suffisamment intelligent pour savoir comment on doit jouer.
Et que vous demande-t-il ?De gêner beaucoup les adversaires, de faire beaucoup de pressing.
Et de marquer (Anelka n'a toujours pas marqué en Premiership, ndlr) ?J'essaie, mais je n'ai pas beaucoup d'occasions, je suis au service de l'équipe. Quand j'aurai plus d'occasions et que j'aurai mieux appris le jeu, ça ira bien.
Croyez-vous que Bolton puisse viser la Ligue des champions ?Ce sera difficile, il y a toujours Manchester, Chelsea, Arsenal, voire Liverpool, on va se battre jusqu'au bout pour accéder à cette Ligue des champions, même si ce sera très difficile.
Dans ce contexte, trouvez-vous logique d'être retenu en équipe de France pour ce match contre la Grèce ?Je ne sais pas, à partir du moment où je joue et qu'on fait appel à moi, ça me fait plaisir quand je viens.
Mais avez-vous été surpris d'être retenu, compte tenu de vos difficultés d'adaptation à Bolton ?Oui et non. En même temps, ça s'est bien passé quand je suis revenu et que j'ai joué la dernière fois (il a marqué contre les Féroé, ndlr). C'est vrai qu'en ce moment, c'est un peu plus difficile, mais j'apprends, je travaille, je joue tous les matches, j'essaie de faire du mieux possible, tant mieux si le coach fait appel à moi.
"Il faut tourner la page"
Mercredi, Patrick Vieira fêtera sa centième sélection en équipe de France, qu'est-ce que ça vous inspire ?C'est un grand joueur qui a débuté très jeune, il avait déjà beaucoup de sélections même en jeunes, il n'a joué que dans des grands clubs, il a connu la stabilité en équipe de France, c'est logique qu'il en soit à cent, il a eu un parcours sans accroc.
Un parcours enviable ?C'est toujours bien de faire cent sélections, mais ça ne va pas changer sa vie. Le record sera plus inscrit que les cent sélections.
A titre personnel, vous sentez-vous réinstallé dans cette équipe de France ?Je ne pense pas à ça. Je suis content de venir, de retrouver les gars, le jeu de l'équipe de France. Le reste, on verra.
Sentez-vous quelque chose de différent par rapport à l'avant-Coupe du monde ?Non, c'est toujours la même chose, je retrouve pratiquement les mêmes joueurs à chaque fois, il n'y a pas grand-chose qui change.
Anelka content de revenir en équipe de France. Même pas davantage de sérénité ?Non, les joueurs étaient sereins avant la Coupe du monde, même si les résultats n'étaient pas extraordinaires. C'est d'ailleurs pour ça qu'ils ont fait une bonne Coupe du monde.
Et dans le jeu, y a-t-il du changement ?Non, quand je suis revenu, j'ai vu une équipe de France qui jouait au ballon, je n'ai pas vraiment remarqué de changement, peut-être psychologique, mais pas au niveau du jeu.
Même en l'absence de Zidane ?C'est différent car Zizou il est unique, mais en même temps, l'équipe de France est obligée de faire sans puisqu'il a décidé d'arrêter sa carrière. L'équipe était bonne avec lui, mais sur le terrain, on ne pense pas à ça, on essaie de faire le maximum pour être aussi bons.
Etes-vous amer d'être passé à côté de la dernière Coupe du monde ?C'est toujours difficile de rater une Coupe du monde, mais ce sont les choses de la vie, ça ne va pas me tuer, il faut tourner la page. Aujourd'hui, je suis repris, tant mieux.
"Samuel Et'o mérite le Ballon d'Or"
Quelle est l'empreinte de Raymond Domenech sur cette équipe ?Il fait confiance à tout le monde, il parle beaucoup aux joueurs, ça se ressent sur le terrain. Pour moi, c'est mieux, ça me permet à moi, et à tous les joueurs, d'être meilleur sur le terrain.
Alors pourquoi ne vous a-t-il pas pris pour la Coupe du monde ?Il faut lui demander. Mais ce qui est fait est fait, on tourne la page, c'est une autre histoire.
Vous avez 27 ans, vous sentez-vous un ancien ?Un peu. Ça fait depuis l'âge de 18-19 ans que je suis en équipe de France. Même si je n'ai pas toujours été là, comme je connais tout le monde, je me sens un peu dans la peau d'un ancien.
La génération championne du monde sera honorée avant ce France-Grèce, qu'en pensez-vous ?C'est bien, c'est une génération qu'il ne faut pas oublier. En plus, on va pouvoir revoir les anciens entre guillemets, c'est bien de leur rendre hommage, ils ont fait un bon boulot.
Suivez-vous la saison du Paris-SG ?Oui, un peu. C'est comme d'habitude, c'est toujours un grand club qui se cherche un peu.
Quel est votre favori pour le Ballon d'Or ?C'est difficile à dire. Ça peut être un Italien, comme ça peut être un joueur du Barça, comme ça peut être Thierry (Henry). Je ne sais pas comment les choix sont faits.
Et vous, pour qui voteriez-vous ?Pour moi, s'il n'était pas blessé, ce serait Samuel (Eto'o), il le mérite. Il a gagné la Ligue des champions et le Championnat. Ronnie (Ronaldinho) est toujours là, comme Thierry.
Vous pensez vraiment que Thierry Henry a ses chances ?Il n'a rien gagné, mais il a toujours été constant, il a été là à chaque fois.
Propos recueillis par AXEL CAPRON - De Sports.fr, à Senlis
