François Clerc est un garçon poli et patient. Agé de 23 ans, le latéral lyonnais a intégré le groupe France la saison dernière au prix d'une ascension fulgurante puisqu'il ne comptait lors de sa première convocation que quelques matches de Ligue 1 dans les jambes. Et s'il sait qu'il risque de devoir patienter longuement pour obtenir une place de titulaire, barré par l'indiscutable Willy Sagnol, le jeune homme ne réclame rien, heureux d'avoir fêté sa première sélection en octobre face aux Féroé et d'être de retour dans le groupe pour préparer France-Grèce.
Clerc apprend vite et bien.Parlons d'abord de Lyon. L'OL s'est incliné à Rennes (1-0), a souffert pour battre Valenciennes (2-1), peut-on parler de coup de mou ?Non, je ne le pense pas. La défaite à Rennes est due à mon avis à une usure psychologique. Surtout en première mi-temps. Car en deuxième, si Pouplin ne fait pas des arrêts super, le résultat est différent, ça ne se joue pas à grand chose. Contre Valenciennes, on est tombés sur une équipe venue pour défendre, très regroupée, qui a bien joué le coup. On a eu une petite défaillance, une petite baisse de régime, mais on a vite rectifié le tir, c'est ça, le plus important. Une saison n'est pas faite que de hauts, parfois, on tombe sur des équipes adverses qui font un match exceptionnel, on ne peut pas faire que des matches de haut niveau. Mais mentalement, on ne lâche rien, on l'a vu contre Valenciennes. On se remet en question à chaque match, on ne prend personne de haut.
Comment jugez-vous votre début de saison avec Lyon ?Je pense que je peux faire mieux. J'ai fait de bons matches, d'autres un peu moins bons, je dois chercher à avoir plus de régularité. Et je m'y attache en faisant des doubles rations d'entraînement. Mais quand l'équipe gagne, c'est toujours plus facile.
Comment vivez-vous la concurrence avec notamment Anthony Réveillère ?Il y a de la concurrence à Lyon, mais je le savais dès le départ. Et comme on joue toutes les compétitions, il y a de la place pour tout le monde, ça permet même de se donner encore plus à fond quand on rentre, ça nous fait progresser. Quand un joueur entre en jeu, il a envie de se montrer, de tout donner, ça permet à l'équipe d'être toujours performante.
Vous verriez-vous rester à Lyon toute votre carrière ?Oui, c'est un club où je suis très bien. J'ai été formé là-bas, ma famille y vit, je suis originaire d'un endroit pas très loin, j'aimerais bien.
"J'ouvre grand les yeux"Vous avez connu une ascension fulgurante, comment l'avez-vous vécue ?Assez sereinement. Je ne me suis jamais enflammé. Je sais que l'an dernier, mon parcours a été assez exceptionnel, mais il faut toujours rebondir, se remettre en question. Je ne prendrai jamais de haut un match ou mes adversaires. Les matches, je les joue tous avec envie, j'essaie d'être rigoureux, de progresser pour avancer.
Vous vous retrouvez régulièrement en équipe de France, on imagine que c'est un motif de satisfaction ?Oui, c'est un rêve, c'est extraordinaire de pouvoir jouer à Lyon, qui est le plus grand club de France, et après d'être appelé en équipe de France, c'est la concrétisation de mon travail. Après, l'objectif est de revenir le plus souvent possible. Je suis déjà très content d'y être, j'ai commencé à jouer au football pour vivre des moments comme ça
Quel souvenir gardez-vous du match face aux Féroé, pendant lequel Raymond Domenech vous a fait rentrer ?C'était ma première sélection, ça fait toujours quelque chose. En plus, c'était parfait pour une première sélection car on gagnait largement, ça m'a permis de rentrer très sereinement. En plus, comme j'étais déjà venu plusieurs fois sans rentrer, je connaissais déjà les joueurs.
Espérez-vous bénéficier de plus de temps de jeu à l'occasion de ce France-Grèce amical ?Dans ce genre de match, il y a plus de rotation, forcément on espère. Dans un match officiel, c'est plus compliqué de rentrer en cours de match, surtout à mon poste. Ce sera peut-être une bonne occasion.
Vous êtes impatient ?Non, c'est déjà un grand plaisir de venir. Mon histoire est assez courte, pour l'instant, j'ouvre grand les yeux, peut-être que dans un an, je penserai différemment. Mais il y a un titulaire indiscutable, un taulier de l'équipe, je l'accepte.
Vous discutez avec Willy Sagnol ?Oui, on discute. Ça me permet de découvrir une autre façon de penser, de jouer, il est de bon conseil. Avec Willy, on a le même poste, pour moi, c'est un exemple à suivre.
Quand vous comparez vos styles, quel constat faites-vous ?Je pense que je fais plus de longues courses que lui, je dédouble davantage. Lui a une très bonne lecture du jeu, il aime beaucoup avoir le ballon, centrer, adresser de longues passes. Après, on a forcément des ressemblances car on évolue au même poste.
"Je suis très content d'être là et je le montre"Que pensez-vous pouvoir apporter à ce groupe, sachant que vous avez moins de chance de jouer ?Chacun a sa personnalité. Moi, je suis quelqu'un d'assez discret, mais j'aime bien discuter. Je ne suis pas là pour me prendre la tête, je suis très content d'être là et je le montre. Mon seul objectif est que l'équipe gagne, si je joue, c'est encore mieux.
D'ici l'Euro 2008, il y a des places à prendre dans ce groupe France, vous y pensez ?Oui, je vais tout faire pour essayer d'être dans le groupe pour l'Euro 2008, même si c'est encore loin. Mais c'est clair que quand on vient plusieurs fois, quand on joue à Lyon, c'est aussi un objectif d'être dans les 23. Maintenant, il faut déjà se qualifier...
Avant ce France-Grèce seront honorés les joueurs de la génération 1998-2000 championne du monde et d'Europe, vous vous souvenez ce que vous étiez en 1998 ?Oui, l'année de la Coupe du monde, je suis entré au centre de formation. A ce moment, on ne pense qu'au foot, j'était bien sûr un grand supporter de cette équipe, de cette génération qui a marqué l'histoire du foot. C'est bien de l'honorer pour montrer qu'on ne l'a pas oubliée.
Le jour de la finale, vous vous imaginiez porter un jour ce maillot bleu ?J'étais très loin de tout ça ! Mais en même temps, en voyant tout ça, c'était un rêve, un objectif. Ça a toujours été un rêve de jouer de telles compétitions, de porter ce maillot. Après, quand ça arrive, on prend du recul mais on est très fier.
Propos recueillis par AXEL CAPRON - De Sports.fr, à Senlis
