Raymond Domenech attend avec impatience le match amical contre l'Argentine, le 7 février prochain au Stade de France. Pour cette rencontre de gala, le sélectionneur des Bleus n'a pas voulu faire d'essai, pour pouvoir mieux rassembler et remobiliser les joueurs autour de l'équipe de France dans l'optique du match important contre la Lituanie, en éliminatoires de l'Euro 2008. "Il y a une pression évidente autour de ce match", précise Domenech, qui compte sur les sept Lyonnais sélectionnés, malgré la mauvaise passe traversée par le club.
Que représente pour vous ce match contre l'Argentine ?C'est un match particulier puisque c'est un match amical, disputé au mois de février. On a une rencontre capitale fin mars (contre la Lituanie, Ndlr). Il est important de rassembler, de ranimer l'esprit autour de l'équipe de France pour que cette équipe se rappelle qu'il y a un Euro avec une qualification au bout. Il y a eu un débat entre nous, dans le staff, pour savoir quelle était l'orientation à prendre pour ce match. Il y avait deux possibilités: d'un côté, chercher, tenter des pistes ou préparer avant tout le match contre la Lituanie. Les projections et le moyen terme, ce sera pour une autre fois. Je voudrais également ajouter que Lilian Thuram est un peu touché, il n'est pas sûr d'être opérationnel, Philippe Mexès également. Pour les autres, pas de souci particulier.
Fabien Barthez n'est pas sélectionné. Est-ce parce qu'il est blessé ou qu'il est encore un peu juste ?Les deux...
Vous avez appelé sept Lyonnais dans le groupe. La mauvaise passe traversée par Lyon ne vous inquiète pas ? Un match amical contre l'Argentine, c'est exceptionnel pour l'équipe de France. C'est un challenge intéressant pour les Lyonnais. Je ne vais pas écarter des joueurs maintenant même s'ils sont moins bien, en sachant qu'ils seront présents au mois de mars. On connaît leur valeur et ce qu'ils sont capables de faire par la suite, mais je ne fais pas un particularisme lyonnais.
Cissé et Ribéry figurent dans la liste. Pour une possible association ?J'ai vu Pagis-Niang qui était pas mal hier soir au Vélodrome contre Lyon (sourire). Sinon, Cissé-Ribéry c'est une association intéressante. Ils reviennent tous les deux, après avoir connu un creux. C'est une possibilité d'association. Mais avec les attaquants qu'on a, nous avons quelques options vous savez. C'est plus un problème de trouver la bonne formule.
"Rappeler l'objectif aux joueurs"
Ce match de gala est-il la meilleure façon de préparer la rencontre contre la Lituanie ?Ce qui est important, c'est de jouer un match de haut niveau. Car pour rassembler les joueurs et se remobiliser, il fallait un gros match. C'est pour ça que j'ai insisté pour avoir une équipe de ce niveau-là. Le plus important, c'est qu'il fallait que cette rencontre soit un match que tout le monde ait envie de jouer et que tout le monde ait envie de venir voir. Donc avec une pression évidente...
A quel niveau, situez-vous Djibril Cissé ?Il peut être mieux, on l'a vu contre Lyon (en Coupe de France, Ndlr). Déjà, il peut être plus adroit. Mais on ne revient pas comme ça du jour au lendemain quand on a été arrêté si longtemps. Mais il travaille, c'est bien.
Vous n'avez pas pensé appeler Mathieu Bodmer. Le considérez-vous encore un peu trop tendre ?Je ne vais pas dire un peu trop tendre. Mais l'objectif est clairement défini. Je ne veux pas faire d'essai. On a bien réfléchi et ce n'est pas sur ce match-là qu'on peut faire des essais. Il faut rassembler tout le monde, et rappeler l'objectif aux joueurs. Il faut une équipe qui ressemble le plus possible à celle du mois de mars. Concernant Mathieu Bodmer, il est suivi régulièrement, comme d'autres. A eux de pousser et de ne pas lâcher. Ils sont jeunes et la porte reste ouverte en permanence.
Un mot sur Anelka ?Il est plus présent dans les matches. Il est revenu avec nous et il a montré quelque chose. Il a une occasion encore de montrer qu'il a largement le niveau, ce dont je suis sûr.
Quel est votre avis sur David Trezeguet ?David n'est pas un joueur de deuxième division italienne. C'est un international. Son talent, ses capacités, je les connais. L'objectif est de le mettre dans des conditions de très haut niveau pour qu'il se remobilise autour de l'équipe de France et c'est la seule chose qui m'intéresse.
"Oui, Trezeguet a souffert" La dimension affective de ce match a-t-elle compté pour lui ?Un peu. Mais ça n'a pas été le critère de jugement. S'il fallait que je tienne compte des origines des joueurs pour savoir s'il faut sélectionner untel ou untel, ce serait un casse-tête. Mais, il est vrai que cette fois là, j'en ai tenu compte car je me mets de temps en temps à la place des joueurs. J'imagine que ce match doit lui tenir à coeur.
Il avait failli arrêter l'équipe de France après la Coupe du monde. Vous en avez discuté avec lui ?Oui, on en a discuté. Moi aussi j'ai failli arrêter... Non, j'allais dire une bêtise (sourire). David a souffert comme d'autres, mais à un degré supérieur. Il a tiré un penalty qui a fait que les Italiens ont gagné. Je comprends qu'il ait souffert. Il a peut-être besoin plus que les autres de remise en confiance et de dialogue. J'attends beaucoup de lui, car il restera toujours un grand buteur.
Quel regard portez-vous sur l'Argentine ?Il y a beaucoup de mouvements de joueurs en Argentine, ils ont tellement de joueurs de talent qu'ils peuvent faire deux, trois sélections pratiquement du même niveau. On ne sait pas encore quelle équipe ils vont avoir. Avant de juger, j'attends.
Avez-vous vu le film de Vikash Dhorasso Substitute ? Quel est votre sentiment sur ce film ?Euh... Une autre question ? Mais c'est une excellente question, je vous remercie de me l'avoir posée...
Dans le film, Vikash parle d'un lien père-fils avec vous...Je suis sélectionneur de l'équipe de France. Je n'ai pas d'enfant dans la sélection. Mon fils est en âge d'y être, mais je ne l'ai pas pris (rires). Je suis professionnel, sans état d'âme. Pour moi, ce qui compte c'est l'équipe de France et son efficacité. J'ai des relations avant tout professionnelles.
Avec ce match contre l'Argentine, comment ne pas évoquer le cas Higuain ?Il aurait pu jouer dans le film de Vikash...
Dans quel rôle ?Dans celui de l'Arlésienne...
Propos recueillis par PIERRE-GILLES HUOT De Sports.fr
