Domenech et la DTN

Dans l'hebdomadaire Sport, Raymond Domenech revient sur le poste de Directeur Technique National. S'il n'exclut pas d'être candidat à ce poste, il pense que Jean-Pierre Morlans, aujourd'hui intérimaire à ce poste, est le mieux placé.

Pour Raymond Domenech, le poste de Directeur Technique National pourrait lui revenir, mais il pense que « la meilleure solution, c'est que Jean-Pierre Morlans continue. Il connaît tous les dossiers depuis plus de dix ans. » Domenech pense que Morlans, en place pour le moment jusqu'en juin, est un meilleur candidat que Gérad Houllier, également pressenti : « Je pense que Jean-Pierre Morlans est le mieux adapté. Gérard connaît la maison, mais cela fait combien de temps qu'il a quitté la Fédération française de football ? En dix ans, le football a changé. Ce n'est plus pareil. Cela voudrait dire que l'on remettrait quelqu'un à l'essai pour voir si ça marche, pour qu'il prenne le temps de connaître les dossiers. Cela n'a plus rien à voir. C'est un autre métier. Il faut être à l'intérieur pour savoir comment tout fonctionne. C'est justement le cas de Morlans. » Pour autant, le sélectionneur se verrait bien confier la casquette, même s'il dément : « Je n'anticipe pas l'avenir. J'ai un seul objectif : me qualifier pour l'Euro. Le DTN actuel peut le rester encore un moment. Au mois de juin, j'ai deux matchs décisifs et cela me préoccupe plus que de savoir ce qui va se passer au niveau de la direction technique nationale. »


Rédaction Football365

... c'est fou ce que tu l'aimes le gars

Domenech dévoile son plan


Raymond Domenech, candidat au poste de directeur technique national tout en restant sélectionneur de l'équipe de France, dévoile ses ambitions et une partie de son programme, insistant sur le rôle d'«inspirateur de politique et d'idée à long terme» du DTN. Le patron des Bleus évoque la «portée éducative du football», insiste sur l'importance du «travail fait à la base», dont tout le monde prendrait vraiment conscience si, un jour, éducateurs et bénévoles faisaient «grève».

«Raymond Domenech, comment comptez-vous faire campagne pour le poste de DTN ?

Je n'ai pas à convaincre. Les gens à la Fédération connaissent mes idées, mes capacités, mes qualités et mes défauts et jugeront si je suis apte à cumuler les deux fonctions. Je m'occupe de l'équipe de France pour le moment. Si, après, peut s'y associer une autre fonction qui me semble complémentaire... Mais je n'essaierai pas de convaincre, ma priorité reste l'équipe de France.

Le côté administratif du travail de DTN vous semble-t-il compatible avec votre rôle sur le terrain ?

Le poste de DTN n'est pas qu'administratif. Le DTN est un inspirateur de politique, d'idées, de vision à long terme. Il ne fait pas, il fait faire, et fait fonctionner tout le football français. Donc c'est cumulable avec un poste d'entraîneur national parce que c'est un peu la même fonction, l'une est sur le football et le sport de l'élite, et l'autre sur le sport de masse. Après c'est un problème d'organisation.

Quels seront vos chantiers prioritaires en cas de nomination au poste de DTN ?

Qualifier l'équipe de France pour l'Euro-2008 et se projeter vers 2010 (Mondial) et 2012 (Euro) parce que le travail d'après ce sont les sélections de jeunes, la formation, les relations avec les Ligues, les districts, le travail des bénévoles et l'aspect social, que l'on doit développer.

Qu'entendez-vous par aspect social ?

Je suis atterré par ce que j'entends: "le football porte toutes les tares du monde. C'est le football qui draine l'argent sale, qui suscite la violence, qui inspire les tricheurs". Alors qu'on oublie tout le travail fait à la base. Un jour, on devrait faire une journée sans football et dire à tous les éducateurs: "aujourd'hui, il n'y a pas de match et tous les gamins vous les mettez en maillot sur la place de la mairie et vous les laissez se débrouiller et personne ne s'en occupe pour montrer vraiment ce que l'on fait".

Ce serait un mouvement de grève en quelque sorte...

Oui, une grève. Parce que le football est le sport qui mobilise le plus de gens, le plus de bénévoles et qui travaille sur de vraies valeurs: la solidarité, le respect, le travail. On ne parle que des défauts du football. C'est mon rêve, une journée sans éducateurs, sans bénévole, sans les parents qui emmènent les enfants en voiture à leurs risques et périls. On se rendrait compte de la portée éducative du football. C'est proprement scandaleux, cette campagne faite autour du football. Il y a 5000 morts sur les routes par an, on n'interdit pas de conduire. Il y a un mort autour d'un stade, on ferme le stade. Il y a des choses qui ne vont pas.

Les dérives existent pourtant comme l'ont montré les évènements récents en Italie...

Ce ne sont pas les dérives du football, on se sert du succès du football. La violence est un phénomène de société. Le football est victime de la violence de la société, il n'est pas incitateur de la violence. Il y a des choses à faire, les Anglais ont réussi. Il y a des moyens et il faut les mettre en place. On a commencé à le faire en France parce qu'il y a eu un malheur à la sortie d'un stade. Cela fait des années que le football réclamait de vraies mesures qui étaient votées mais sans les décrets.

Selon vous les Italiens vont-ils se donner les moyens de lutter contre la violence ?

Ils seront obligés. Il faut vraiment arrêter et taper dans le tas, sanctionner et empêcher que cela puisse se reproduire. S'il faut fermer le stade, s'il faut fermer la tribune un an, il faut le faire. Quand on est responsable, on n'a pas le droit que quelques-uns pourrissent le reste. La délation est un vilain mot en France. Mais on doit se faire sa propre police dans les tribunes. Et quand il se passe quelque chose et que personne ne dit rien et qu'au contraire on protège, qu'on ne veut pas dénoncer, il faut fermer la tribune. Dire aux gens qui sont dans les tribunes qu'ils sont responsables de ce qui s'y passe, c'est obligatoire. Ce n'est pas de la délation, c'est de la protection.

Et au niveau sportif, quel sera votre programme à la tête de la DTN ?

Je ne vais pas encore vous dévoiler mon programme. Il y a trop de candidats sur le coup. Il y a quelques idées que je me garde (rires). L'idée c'est que l'équipe de France et le football français gardent leur statut. On a plus de 2 millions de licenciés. On a une reconnaissance mondiale. Et je le répète souvent aux politiques: l'image de la France c'est aussi son sport. On doit aider le sport de haut niveau qui est l'émanation du sport de base. Parce qu'en travaillant pour développer le sport de haut niveau, on développe la base. L'un marche avec l'autre.»

Propos recueillis pour l'AFP par Keyvan NARAGHI et Philippe GRELARD - francefootball