C'est un Raymond Domenech partagé entre déception et satisfaction qui s'est présenté à la presse, jeudi matin au siège de la FFF. Déçu par la défaite des Bleus en Ecosse (0-1), le sélectionneur national a tout de même apprécié que son groupe "se soit remis dans le sens de la marche", face aux Iles Féroé (5-0). Devant le maigre parterre de journalistes, le coach de l'équipe de France a surtout tenu à relativiser les performances des uns et des autres. Et à assurer son soutien à Trezeguet, vivement critiqué après son match contre l'Ecosse.
Raymond Domenech a toujours en travers de la gorge le match de l'Ecosse.Quel bilan tirez-vous de ces oppositions face à l'Ecosse (0-1) et les Iles Féroé (5-0) ?C'est un bilan mitigé. Sur le plan comptable, le compte n'y est pas. Au niveau du spectacle offert, c'est mieux. Disons que nous nous sommes remis dans le sens de la marche contre les Iles Féroé. Au final, le bon et le moins bon s'équilibrent. Je ne suis pas complètement satisfait, mais nous n'en sommes qu'au quatrième match de notre campagne. Il est trop tôt pour tirer un bilan définitif.
Qu'avez-vous appris sur votre formation durant ces deux semaines ?A vrai dire pas grand-chose. On a seulement pu constater qu'en football, on peut être très vite au trou. A moi et à l'encadrement de maintenir cet état de vigilance permanente. La Coupe du monde nous a fait progresser, mais cela ne fait pas tout. Je n'ai cessé de me battre contre ce sentiment d'euphorie qui avait envahi le groupe après notre victoire sur l'Italie. Cela n'a pas suffi pour éviter la défaite en Ecosse. C'est pour cette raison que je ne peux pas être satisfait de ces deux match. Il y en a un qui est raté.
"La Grèce sera l'occasion d'intégrer de nouveaux joueurs"Peut-on parler d'un manque de constance de votre groupe ?Nous pouvons viser les sommets, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Mais nous pouvons également redescendre en flèche. Il faut que nous maintenions la pression. De toute façon, il y aura toujours des choses à critiquer et heureusement. Le jour où la presse n'aura plus rien à critiquer, cela deviendra alarmant. Finalement, je préfère cette situation, le vide me dérange davantage.
Comme le vide laissé par Zinédine Zidane...Non, pas du tout. Zizou a tiré un trait. Point. Des joueurs qui prennent leur retraite, il y en a eu, il y en a et il y en aura encore. C'est sûr qu'une page s'est tournée, et c'est à ceux qui sont toujours là de prendre le relais.
La prochaine étape des Bleus sera un match amical contre la Grèce (le 15 novembre). Qu'attendez-vous de cette confrontation ?Ce sera un nouveau rassemblement, toujours utile à notre cohésion. Et puis ce sera l'occasion d'intégrer, pourquoi pas, de nouveaux joueurs. Rappeler à certains que l'Equipe de France existe toujours. L'avantage de lancer des nouveaux dans un match amical, c'est qu'il n'y a pas d'obligation de résultat. Toutefois, je ne veux pas tester pour tester. Ceux qui nous rejoignent ont le potentiel pour s'installer en Equipe de France, encore faut-il les observer en situation.
"Trezeguet n'a pas failli en Ecosse"Justement, qu'avez-vous pensé des derniers arrivants contre les Féroé ?Il faut relativiser leur prestation. Sans vouloir me montrer médisant, c'était quand même les Féroé en face. Ce qui n'enlève rien à leur prestation. Il faudra sans doute les revoir dans un autre contexte, mais, c'est vrai que j'ai vu des choses positives.
Au rayon des déceptions, en revanche, l'association Henry-Trezeguet a vivement été critiquée...Cela ne me touche pas. Ils ont évolué ensemble en Ecosse dans un contexte bien particulier. Et ce n'est pas David qui a failli, comme j'ai pu le lire ou l'entendre. Comme ce n'est pas David qui nous a fait gagner contre les Féroé. Il faut toujours relativiser les prestations individuelles. C'est l'ensemble qui compte. Si le groupe avait été meilleur en Ecosse, Trezeguet aurait peut-être pu en profiter et il n'y aurait rien eu à dire. Tout est une question de périodes. Certaines sont favorables, d'autres non. Au mois de mars, pour notre prochain match de qualification contre la Lituanie, nous verrons où en sont les uns et les autres. D'ici là, il peut se passer beaucoup de choses.
L'élimination des Espoirs en barrages de l'Euro est-elle préjudiciable pour le futur de l'Equipe de France ?C'est toujours un manque quand une génération s'arrête trop tôt dans une compétition. A eux désormais de redoubler d'efforts en club afin de combler le vide qui les séparent des A. A mon avis, cette élimination leur fait perdre deux ans dans leur progression. Ils ne pourront compenser qu'en jouant régulièrement des matches de haut niveau avec leur club.
Propos recueillis par Nicolas MOSCOVICI -de Sports.fr, au siège de la FFF
